Touchet Gerard

A 56 ans, j’ai eu le bonheur de courir mon 22ème marathon, à Berlin, le 28 septembre 2014. Epreuve marquée par le nouveau record du monde du kényan Dennis Kimmetto, en 2 h 02’ 57, longtemps avant que je franchisse, à mon tour, la porte de Brandebourg, 4 327 ème sur les 45 869 participants, venus de130 pays différents…

Voilà un marathon à la réputation non usurpée : le plus rapide du monde, assurément, avec ses 20 m de dénivelé, ses larges avenues, son organisation sans faille et son ambiance festive que je classe entre celles de New-York et de Paris. Quelques images pour prolonger le rêve :

7 h 45 : sans précipitation, je regagne mon sas des « moins de 3 h 30 », à seulement une heure du départ. Imaginez le bois de Vincennes au centre de Paris, Tiergarten est le poumon vert de Berlin. Sous un frais soleil, une musique classique entraînante et un envol de ballons, le départ est donné, majestueux. Je ne mets que 2’14 à atteindre la ligne et à peine 5’ à courir le premier kilomètre, sans bousculade ni piétinement.

10ème km : tout va bien, je respecte mon temps de passage, en 46’52, à proximité de la tour de la télévision de l’ex-RDA, avant d’emprunter l’avenue Karl Max, bordée de ses immeubles de style communiste. Partout, le public est enthousiaste, avec de nombreux orchestres et des colonies de supporters, scandinaves surtout.

Semi marathon couru en 1 h 40’18, mais je sais ne pas pouvoir maintenir ce tempo ensuite. Je passe devant une église de briques rouges dont les cloches sonnent à toute volée, couvertes par les encouragements de la foule. Ne pas se griser, même si…

30ème km en 2 h 24’25 : ne me satisfaisant plus des seuls gels ramenés de Châteauroux, avec l’eau du ravitaillement, j’engloutis ma 1ère banane (2 autres suivront) et je repars, déterminé.

40ème km en 3 h 14’30 : n’ayant pas voulu reconnaître la fin du parcours la veille, je découvre le marché des Gens d’Armes (datant du XVIII ème siècle). Mais fatigué, je m’impatiente de regagner « Under den Linden » (Sous les Tilleuls), les Champs Elysées berlinois. Passé le 41ème, m’y voilà enfin ! Un coup d’œil au chronomètre me fait espérer moins de 3 h 27 (défi lancé par mon ami Frédéric Antérieur, avec qui je me suis entraîné, merci à lui). Je tente donc d’accélérer, mais un muscle de ma cuisse gauche n’apprécie pas. Dont acte, je décide de « gérer » et surtout de savourer le final, comme ce jeune coureur zigzaguant, devant moi, pour photographier la foule en délire, avec son téléphone portable.

3 h 25’57 : mission accomplie, pour les deux personnes souffrantes à qui je dédie ce marathon. Après la ligne d’arrivée, plus aucun spectateur, un calme relatif revient, mais l’euphorie est là : j’unis mes battements de main à ceux des centaines de femmes et d’hommes qui en terminent avec moi. Un dernier symbole de paix et de liberté, en réponse aux crimes commis dans le monde : les pelouses de la place de la République, face au Reichstag, envahies par tous ces sportifs, généreux et solidaires, qui récupèrent tranquillement, un grand gobelet de bière sans alcool à la main, sous le beau soleil berlinois. Danke Berlin !