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Originaire de Chassignolles près de La Châtre, Nicolas Dubuget vit aujourd'hui à Paris. Licencié au Fontenay-Plessis-Clamart athlé 92, il a des temps de référence à faire pâlir plus d'un coureur à pied (35'23" sur 10 km, 1 h 16 sur semi et 2 h 39 sur marathon). 

A 36 ans, il vient d'être sélectionné en équipe de France pour participer aux championnats du monde des 100 km à Sveti Martin en Croatie (il a un record perso à 7 h 13 sur la distance) où il a terminé 35e.

Nicolas livre pour berryrunningchallenge.fr le récit de son aventure croate :


 

"Pour une première expérience au niveau international, je suis heureux d’avoir fini ce championnat du monde en 7 h 22'20" à la 35è place du général et d’avoir représenté avec fierté mon pays.  

 Je n’ai pas d’excuse à chercher, mais dois simplement accepter des erreurs tactiques et technique liées à mon peu d’expérience à haut niveau sur ce format de course. Je suis un peu déçu car, oui, mon objectif de performance était bien plus bas en termes de chrono. Mais je n'aurais pu tenir ce rythme que jusqu’au 70è km... En ce qui concerne mon rang à l’échelle internationale, cette place de 35è est à peu près celle à laquelle je pouvais prétendre au regard des chronos des autres participants et à seulement 5 rangs de mon ambition perso.

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Ma fin de préparation m’avait laissé pour souvenir de fortes douleurs et contractures au pyramidal gauche donnant une tension à l’ouverture de la jambe sur l’ischio jambier. J’ai dû donc faire une séance de mésothérapie pour décontracter le muscle et dissiper un peu la douleur la veille au soir car le footing de reconnaissance du matin n’était pas rassurant au niveau de ma foulée.

La reconnaissance du parcours, pourtant analysé sur papier et en vidéo — avec des boucles de montée, descente, portions inclinées de 2,5 km puis 7,5 km à parcourir 13 fois – nous confirmait que nous n'aurions aucun répit avec très peu de portions plates, même d’une centaine de mètres, où nous pourrions nous caler une allure régulière.

J’étais cependant préparé pour cela car mes entrainements dans la Vallée Noire et ses bosses m’avaient donné du fil à retordre durant l’été. 

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Sur le départ à 7 h, j’étais heureux, concentré et, pour une fois, sans stress. Quoique un peu effrayé à l'idée de ne pas pouvoir aller au bout avec mon arrière jambe tendue...  Je m’étais donc mis en tête de partir calmement, de laisser chauffer et de voir si cela se dissiperait. J’en fis tout autrement ! 

Dès la boucle de 2,5 km, par confort pour mon muscle certainement, j'ai pris une foulée rendant mon allure plus rapide que prévu (- 5 secondes à - 6 secondes au km par rapport au tableau de marche). Première erreur stratégique, car le coût en énergie plus élevé m'amenait à taper davantage dans mes forces. Je me suis senti super bien durant presque 70 km, avec des allures presque régulières selon le relief... mais trop rapides. Mais, comme pour mon premier championnat de France du 100 km en 2016 (NDLR : il avait terminé 3e et établi son record person), je me dis c’est peut-être le bon jour sur ce premier Mondial. 

La gestion de mon alimentation est rodée, aucune défaillance sur ce plan avec un "plateau repas" composé de purée de patates, purée de riz, banane, pomme, purée de riz, amande, orge et lait amande, boisson énergétique, bananes et dattes fraiches. 

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Sauf que par rapport à ma fréquence cardiaque et à mon temps de passage au marathon permettant d'envisager un chrono en 6 h 55, le final allait s'avérer beaucoup plus délicat. Mais j’étais bien et je prenais un pied énorme dans un groupe où se relayaien un Américain, un Allemand, un Espagnol et moi, avec toujours en tête les 7 h. Mais après 5 h de course, mon allure allait bientôt faiblir sous la chaleur qui s'installait petit à petit.

Deuxième erreur, cette fois technique : comme il allait faire chaud, j’avais opté de courir avec une bouteille à la main avec une routine d’hydratation toutes les 8 minutes. mais juste avant le 70e km sont apparues progressivement des douleurs persistantes dans mon bras, puis l’épaule, les côtes et l'omoplate. Alors que ma cadence ralentit, les impacts au sol me coupent la ventilation. Au ravitaillement, le staff médical me masse avec un travail spécifique sur le diaphragme pour décontracturer ma chaine musculaire. Julien, notre kiné, règle cela en quelques minutes me permettant de repartir et de reprendre progressivement de la vitesse. Deux boucles durant lesquelles je cogite bien trop en voyant deux de mes équipiers de l'équipe de France abandonner sur blessure. Je prends un coup au moral et mon allure continue de faiblir... 

Pas de coup de chaud, pas d’alerte de déshydratation, je ne veux juste plus manger de solide, seul des morceaux de banane passent. Les sensations reviennent, je m’accroche.  

Dans la dernière montée, qui traverse la zone de ravitaillement pour passer la ligne d’arrivée, je vois les dégâts que la course a fait sur les autres concurrents. Plusieurs sont là exténués. J’arrête mon chrono qui affiche 7 h 22'20"... à quelques mètres du buffet que je m’étais promis de vider ce samedi soir ! Je suis 2ème Français. L'équipe de France se classe 8è chez les garçons et 12è chez les filles (sur les 39 nations classées, 42 étaient au départ). 

J’ai passé 3 jours à apprendre et à m’amuser avec cette équipe de France. Il est temps de bien récupérer avant de reprendre progressivement le travail de vitesse cet hiver..."

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